b) les catégories lexico−grammaticales n’affectent qu’une partie de mots de la classe donnée: exemple, le nombre ( il ne concerne que les substantifs nombrables ), la voix ( elle n’est propre qu’aux verbes transitifs ), le degré de comparaison ( on ne le trouve que chez les adjectifs de relation ). L’existence des catégories lexico−grammaticales souligne l’interdépendance du lexique et de la grammaire, ainsi que les fondements sémantiques des catégories grammaticales. La forme non−marquée peut s’étendre à toute la classe, y compris aux mots qui sémantiquement sont incompatibles avec la catégorie grammaticale donnée, elle remplit alors une fonction de neutralisation, fonction non−significative.
Par exemple: la forme active pour les verbes intransitifs, le singulier pour les substantifs non−nombrables.
2.2.4 La catégorie grammaticale par rapport aux autres catégories grammaticales
Les catégories grammaticales sont caractérisées par la synonymie et la polysémie (ou l’homonymie), ce qui présente de grandes difficultés quant à l’analyse linguistique.
En parlant de l’identité sémantique ( synonymie ), certains auteurs ont mis en question l’existence de telle ou telle catégorie grammaticale. Par exemple: le substantif français exprime des significations qui peuvent être rendues par l’indicatif, le conditionnel ou l’impératif. On a pu le considérer alors comme une forme spécifique d’un autre mode, et non comme un mode à part.
Le second aspect ( polysémie / homonymie) crée des difficultés encore plus considérables. Les formes grammaticales peuvent remplir plusieurs fonctions. L’article défini exprime le défini, mais aussi la généralisation. L’imparfait exprime tantôt un temps absolu ( le passé ), tantôt un temps relatif ( le présent dans le passé). La forme en – rait signifie une action hypothétique ( le conditionnel) ou bien le futur dans le passé; on peut multiplier les exemples à l’infini.
Qu’est−ce qu’on doit voir ici, des cas de polysémie ou d’homonymie? La question n’est pas facile à résoudre, et, pourtant, elle est importante pour la conception du système grammaticale. Si l’on voit dans du, de la, des une seule et même catégorie avec des emplois différents ( la tiédeur de l’eau, il boit de l’eau ), on doit en conclure que l’article partitif n’existe pas en français ( certains auteurs l’affirment effectivement ). Si l’on affirme que les deux emplois de l’imparfait mentionnés ci−dessus, représentent deux catégories séparées, on doit allonger l’inventaire des formes verbales du français. Pour résoudre les problèmes posés par la synonymie ou la polysémie des catégories grammaticales, il faut tenir compte de ce que la catégorie grammaticale est l’unité d’une forme et d’un contenu. Si nous retrouvons régulièrement une forme spécifique avec un sens déterminé, nous devons la considérer comme une catégorie grammaticale à part, malgré ses affinités sémantiques avec une autre forme. Si nous sommes en présence d’une grande différence dinnction et de sens, nous devons considérer les eux emplois d’une forme comme deux catégories grammaticales à part, et non pas comme des acceptions différentes de la même catégorie.