3.1 Les unités de langue et l’objet de la morphologie
Les éléments qui constituent le système de la langue ne sont pas homogènes. On distingue les éléments de langue suivants: phonème − morphème − mot et groupe de mots −proposition simple − phrase complexe.
Le phonème est la plus petite unité de langue. Le phonème ne possède pas de singification, mais il sert à distinguer le sens des mots. Par exemple, dans les mots rien [rjê] − bien [bjê], pomme [pom] − paume [pom] les phonèmes [r]−[b], [o]−[o] n’expriment aucune signification, mais ils distinguent les couples de mots. Le phonème est l’objet de l’étude de la phonologie.
Le morphème est la plus petite unité de langue significative. Il est constitué de phonèmes. D’après le sens on distingue trois espèces de morphèmes:
1) lexicaux, ou radicaux (march−, pari−, lent−) aptes à exprimer une signification lexicale;
2) dérivationnels (−ment, −ette, −eur) servant à former des mots nouveaux;
3) grammaticaux (−ait, −a, −r−ait) qui s’agglutinent aux morphèmes lexicaux et constituent avec ces derniers les formes différentes d’un même mot sans changer son sens lexical (il chanta, il chantait, il chanterait).
Les morphèmes lexicaux et dérivationnels sont l’objet de l’étude de la lexicologie et servent à la formation des mots. La grammaire (la morphologie) étudie les morphèmes grammaticaux.
Le morphème grammatical est caractérisé par l’unité de la forme et du sens. Un morphème peut avoir ses variantes. Par exemple, le morphème de la troisième personne du singulier du passé simple: −a, −ut, −it. Les morphèmes en français ont un caractère linéaire et font partie du mot.
Le mot est une unité de langue minimale caractérisée par 1) la mobilité positionnelle; 2) la séparabilité; 3) la substitution. Le mot est la plus petite unité de langue apte à fonctionner au niveau syntaxique. Le mot peut être constitué d’un ou de plusieurs morphèmes: me, tu, grand, grand−eur.
Le rôle de l’aspect phonétique dans le dégagement du mot comme d’une unité de langue est minimal. Du point de vue phonétique toute une proposition peut être considérée comme une seule unité avec accent sur la dernière syllabe.