Александр III - страница 6

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On s’ingénie dès aujourd’hui à prévoir quelles influences pourront agir sur l’esprit du jeune souverain. Toutes les suppositions sont vaines. Son humeur indépendante lui fera secouer toute pression, de quelque part qu’elle vienne. Il n’est qu’une personne peut-être dont les conseils seront toujours écoutés, sinon suivis: c’est M. Pobédonostsef, fils d’un professeur d’université à Moscou, homme fort instruit, ancien précepteur du tzarewitch et actuellement procureur général au Saint-Synode. Son caractère est élévé, son érudition très large, mais sa piété exagérée en fait un orthodoxe presque fanatique.

Pendant la dernière année du règne d’Alexandre II le nouvel empereur s’est beaucoup rapproché du comte Loris-Melikoff et du comte Miliutine, dont il a apprécié les hautes qualités. Il est à présumer que ces deux personnages conserveront leur poste. Tous les fonctionnaires appartenant au parti allemand seront presque certainement frappés, et les grands-ducs, oncles du tzar, pour qui il ne cache guère son peu de respect et d’affection, tomberont en disgrâce et n’auront, de toute façon, aucune influence d’aucune sorte.

Le grand-duc Wladimir, frère d’Alexandre III, qui vient d’être nommé chef de toute la garde et commandant des forces militaires de Saint-Pétersbourg, exercera dans le règne qui commence une autorité puissante dont est garante la grande amitié de son frère.

IV

Pour résumer en quelques mots la situation, nous verrons probablement un règne où sera justifié jusqu’à un certain point le titre «d’empereur des paysans» qu’on donne dès à présent au tzar. Nous assisterons à de grandes améliorations dans l’état actuel, améliorations qui viseront particulièrement les classes rurales, mais qui s’étendront aussi aux autres classes. Ces dernières réformes porteront surtout sur la direction des finances, l’instruction publique et l’administration, dont la décentralisation est plus que probable.

Mais toutes ces mesures, nous le répétons, viendront d’en haut, comme un effet du bon plaisir, de la libéralité du souverain, qui pourra consentir, comme maximum de concession, à prendre conseil d’une assemblée élue, mais tout en gardant son droit intact de décider en dernier ressort.

A l’extérieur, politique pacifique, politique de douceur, cessation des tentatives vers l’Asie, relations plus ou moins sympathiques, mais froides en général avec le reste de l’Europe, il est probable également que le tzar résistera à la politique radicalement panslaviste à laquelle tâchera de le pousser le parti national slavophile, auquel il est intimement uni.