On présume que la reine, qui ne manquait pas d’amour-propre, avait exigé ce serment, ne croyant pas qu’il fût au monde personne qui pût l’égaler, pensant bien que c’était s’assurer que le roi ne se remarierait jamais. Enfin elle mourut. Jamais mari ne fit tant de vacarme : pleurer, sangloter jour et nuit, menus droits du veuvage, furent son unique occupation.
3. Intitulez le fragment du conte et faites le devoir !
Les grandes douleurs ne durent pas. D’ailleurs, les grands de l’État s’assemblèrent, et vinrent en corps prier le roi de se remarier. Cette première proposition lui parut dure, et lui fit répandre de nouvelles larmes. Il allégua le serment qu’il avait fait à la reine, défiant tous ses conseillers de pouvoir trouver une princesse plus belle et mieux faite que feu sa femme, pensant que cela était impossible. Mais le conseil traita de babiole une telle promesse, et dit qu’il, importait peu, de la beauté, pourvu qu’une reine fût vertueuse et point stérile ; que l’État demandait des princes pour son repos et sa tranquillité ; qu’à la vérité l’infante avait toutes les qualités requises pour faire une grande reine, mais qu’il fallait lui choisir un étranger pour époux ; et qu’alors, ou cet étranger l’emmènerait chez lui, ou que, s’il régnait avec elle, ses enfants ne seraient plus réputés du même sang ; et que, n’y ayant point de prince de son nom, les peuples voisins pourraient leur susciter des guerres qui entraîneraient la ruine du royaume. Le roi, frappé de ces considérations, promit qu’il songerait à les contenter.
Effectivement il chercha, parmi les princesses à marier, qui serait celle qui pourrait lui convenir. Chaque jour on lui apportait des portraits charmants, mais aucun n’avait les grâces de la feue reine : ainsi il ne se déterminait point. Malheureusement, il s’avisa de trouver que l’infante, sa fille, était non seulement belle et bien faite à ravir, mais, qu’elle surpassait encore de beaucoup la reine sa mère en esprit et en agréments. Sa jeunesse, l’agréable fraîcheur de son beau teint enflamma le roi d’un feu si violent qu’il ne put le cacher à l’infante, et il lui dit qu’il avait résolu de l’épouser, puisqu’elle seule pouvait le dégager de son serment.
4. Intitulez ce passage et faites le devoir !