Charles Perrault. Riquet à la Houppe. Книга для чтения на французском языке - страница 3

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2. Lisez le passage suivant et faites le devoir ! Est-ce qu’on peut donner le titre « À vue d’oeil » à ce fragment ? Pourquoi ?

À mesure que ces deux princesses devinrent grandes, leurs perfections crûrent aussi avec elles, et on ne parlait partout que de la beauté de l’aînée et de l’esprit de la cadette. Il est vrai que leurs défauts augmentèrent beaucoup avec l’âge. La cadette enlaidissait à vue d’œil, et l’aînée devenait plus stupide de jour en jour : ou elle ne répondait rien à ce qu’on lui demandait, ou elle répondait une sottise. Elle était avec cela si maladroite, qu’elle n’eût pu ranger quatre porcelaines sur le bord d’une cheminée sans en casser une, ni boire un verre d’eau sans en répandre la moitié sur ses habits.

Quoique la beauté soit d’un grand avantage dans une jeune personne, cependant la cadette l’emportait toujours sur son aînée dans toutes les compagnies. D’abord on allait du côté de la plus belle pour la voir et l’admirer, mais bientôt après on allait à celle qui avait le plus d’esprit, pour lui entendre dire mille choses agréables ; et on était étonné qu’en moins d’un quart d’heure l’aînée n’avait plus personne auprès d’elle, et que tout le monde s’était rangé autour de la cadette. L’aînée, quoique fort stupide, le remarqua bien ; et elle eût donné sans regret toute sa beauté pour avoir la moitié de l’esprit de sa sœur. La reine, toute sage qu’elle était, ne put s’empêcher de lui reprocher plusieurs fois sa bêtise ; ce qui pensa faire mourir de douleur cette pauvre princesse.



3. Lisez le passage suivant et faites le devoir ! Trouvez les mots convenants dans ce fragment pour lui donner le titre !

Un jour qu’elle s’était retirée dans un bois pour y plaindre son malheur, elle vit venir à elle un petit homme fort désagréable, mais vêtu très magnifiquement. C’était le jeune prince Riquet à la Houppe, qui, étant devenu amoureux d’elle, sur ses portraits qui couraient par tout le monde, avait quitté le royaume de son père pour avoir le plaisir de la voir et de lui parler. Ravi de la rencontrer ainsi toute seule, il l’aborda avec tout le respect et toute la politesse imaginables. Ayant remarqué, après lui avoir fait les compliments ordinaires, qu’elle était fort mélancolique, il lui dit : « Je ne comprends pas, madame, comment une personne aussi belle que vous l’êtes peut être aussi triste que vous paraissez : car, quoique je puisse me vanter d’avoir vu une infinité de belles personnes, je puis dire que je n’en ai jamais vu dont la beauté approche la vôtre. – Cela vous plaît à dire, monsieur, » lui répondit la princesse, et elle en demeura là. – « La beauté, reprit Riquet à la Houppe, est un si grand avantage, qu’elle doit tenir lieu de tout le reste ; et quand on la possède, je ne vois rien qui puisse vous affliger beaucoup. – J’aimerais mieux, dit la princesse, être aussi laide que vous, et avoir de l’esprit, que d’avoir de la beauté comme j’en ai, et être bête autant que je le suis. – Il n’y a rien, madame, qui marque davantage qu’on a de l’esprit, que de croire n’en pas avoir ; il est de la nature de ce bien-là, que plus on en a, plus on croit en manquer. – Je ne sais pas cela, dit la princesse ; mais je sais que je suis fort bête, et c’est de là que vient le chagrin qui me tue. – Si ce n’est que cela, madame, qui vous afflige, je puis aisément mettre fin à votre douleur. – Et comment ferez-vous ? dit la princesse. – J’ai le pouvoir, madame, dit Riquet à la Houppe, de donner de l’esprit autant qu’on en saurait avoir, à la personne que je dois aimer le plus ; et comme vous êtes, madame, cette personne, il ne tiendra qu’à vous que vous ayez autant d’esprit qu’on peut en avoir, pourvu que vous vouliez bien m’épouser. »