Scène 1.
Juillet. Midi. Parc. Sergei marche dans l’allée. Anna est assise sur un banc et lit un livre. Sergei marche à côté d’Anna, regarde dans le livre, glisse et tombe sur le trottoir.
Sergei. Le jardinier les a tous tués.
Anna. Il n’y a pas de jardinier dans le conte de Cendrillon. Vous allez bien?
Sergei. Tout cela! (Debout). En effet, « Cendrillon». Je croyais que vous étiez détective. (Pause).
Sergei. Qui croit aux contes de Cendrillon de nos jours?
Anna. Je suppose qu’il y a des chanceux.
Sergei. Oh, vraiment?
Anna. Quelque chose à dire aux enfants à l’heure du coucher.
Sergei. Vous avez des enfants?
Anna. Deux. Est-ce un problème pour vous?
Sergei. Non.
Anna se lève du banc, marche dans l’allée, Sergei fait les cent pas à côté d’elle.
Sergei. Vous partez déjà? Laisse-moi vous raccompagner.
Anna. J’ai un mari jaloux.
Sergei. Vous n’avez pas de mari.
Anna. Maître de sport en boxe.
Sergei(Se frottant la mâchoire). Et nous ne lui dirons pas. Comment vous appelez-vous?
Anna. Je vous plais?
Sergei. Vous me plaisez.
Anna. Je plaisantais, ne fais pas attention à moi.
Sergei. Je peux répéter exactement: vous me plaisez.
Anna. Au revoir.
Anna s’en va, Sergei reste seul.
Scène 2.
Vingt-quatre heures se sont écoulées.
Studio d’art « Fleur de Lys», fenêtres panoramiques donnant sur la rue principale de la ville.
Chambre de Sergei.
Sergei est seul dans la pièce, une cigarette éteinte à la bouche, assis en costume d’affaires Armani sur un canapé défait, en train de trier un tas de papiers sur la table basse. Le mobilier de la pièce est minable, il y a des boîtes de livres non montées, une étagère de vêtements, une guitare sans corde, des bouteilles vides, des déchets et des toiles d’araignée autour du canapé.
Sergei. Mais où est-elle? Oh, salaud! (Il balaie tous les papiers de la table sur le sol, se lève, va à la fenêtre, trouve dans le cendrier sur le rebord de la fenêtre une carte de visite froissée qu’il cherchait). Bingo! (Il compose un numéro sur son téléphone portable).
Le studio de Marina est vide, il est évident que le propriétaire est en train de le rénover. Le téléphone fixe sonne, après la troisième sonnerie on entend la clé tourner dans la serrure de la porte d’entrée. Marina entre en courant, tenant une grande toile sur un châssis, se précipite vers le téléphone et saisit le combiné.