Un Loup remplissoit l'air de ses cris douloureux:
De tous côtés je suis bien malheureux!
Qu'est devenu ce tems où d'immenses armées,
Par le glaive et la faim sans cesse consumées,
Nous fournissoient des repas somptueux?
Pour le malheur de tous tant que nous sommes,
Une paix générale a réuni les hommes!..
Pas le moindre cadavre!.. Helas! je flaire en vain…
Tout vit dans la nature!.. Il faut mourir de faim!
Car où porter mes pas? Pour comble de disgrace,
Tous les troupeaux sont protégés
Par des Chiens vigilans, des Chiens de sorte race,
Par qui j'ai vu cent fois mes pareils égorgés…
Comme il disoit ces mots, un Dogue épouvantable
Qui l'entend, fond sur lui, de rage étincellant:
Meurs, lui dit – il, en l'étranglant;
Et meurent comme toi, brigand impitoyable,
Tous ceux qui, comme toi, meurtriers dans le cœur,
Dans le bonheur public ont trouvé leur malheur!