Le regard encore endormi, la maman humaine de Clotilde se tenait dans la cuisine, versant du café dans la machine. Clotilde sauta sur elle, incapable de lui dire combien elle lui avait manqué pendant la nuit et combien elle était heureuse de la revoir. La machine à café, qui n’était pas non plus réveillée, se mit à ronchonner et à remplir la tasse d’un liquide noir. Maman se contenta de caresser doucement la tête de Clotilde en passant et commença à préparer le petit déjeuner. Puis papa apparut dans la cuisine, déjà habillé pour la promenade et tenant la laisse. Folle de joie, Clotilde se précipita vers lui en remuant frénétiquement la queue. La promenade !
Dehors, l’air était suffocant. Papa marchait lentement. Clotilde commença par sautiller, mais l'air chaud l’accabla bientôt. Sur le chemin du retour, papa rencontra un voisin, si bien qu’ils s’arrêtèrent. Pendant que papa parlait de roues et d'huile de moteur, Clotilde, écrasée par la chaleur, décida de s'asseoir. « Cela va être long », pensa-t-elle.
Non loin d'eux, un pigeon secouant nerveusement la tête marchait lentement mais résolument sur l'asphalte chaud en direction d'une flaque d'eau. Il imaginait déjà le plaisir qu'il éprouverait à se baigner et ne prévoyait pas de sortir de la flaque avant le soir. Du coin de l’œil, il aperçut des gens et un chien, mais n'y prêta pas attention. Il savait que les citadins ne présentaient aucun danger. Quant au chien… eh bien, il était presque endormi. Il ne se soucierait certainement pas de lui.
Souffrant d'oisiveté, Clotilde était sur le point de s’endormir lorsqu'un pigeon passa non loin d’elle en battant le rythme avec sa tête. Tous trois n'eurent que le temps de cligner des yeux. Lorsque papa rouvrit les yeux et retint enfin Clotilde par la laisse, le pigeon contemplait sa queue, dont le fier apparat avait laissé place à une peau blanche de poulet plumé, honteusement recouverte d’un petit duvet d'où ne dépassaient fièrement que deux plumets solitaires. Clotilde s'efforça de recracher les plumes restantes de sa bouche. Papa s’empressa d’achever sa conversation avec le voisin et se dirigea vers la maison, entraînant avec lui Clotilde. Celle-ci était de bonne humeur et satisfaite d'elle-même.