Que diriez vous d’« ordinateur »? C’est un mot correctement formé, qui se trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l’ordre dans le monde. Un mot de ce genre a l’avantage de donner aisément un verbe, « ordiner », un nom d’action, « ordination ». L’inconvénient est que « ordination » désigne une cérémonie religieuse; mais les deux champs de signification (religion et comptabilité) sont si éloignés et la cérémonie d’ordination connue, je crois, de si peu de personnes que l’inconvénient est peut-être mineur. D’ailleurs votre machine serait « ordinateur » (et non ordination) et ce mot est tout a fait sorti de l’usage théologique.
« Systémateur » serait un néologisme, mais qui ne me paraît pas offensant; il permet « systémation »; mais « systémer » ne me semble guère utilisable.
« Combinateur » a l’inconvénient du sens péjoratif de « combine »; « combiner » est usuel, donc peu capable de devenir technique; « combination » ne me paraît guère viable à cause de la proximité de « combinaison ». Mais les Allemands ont bien leurs « combinats » (sorte de trusts, je crois), si bien que le mot aurait peutêtre des possibilités autres que celles qu’évoque « combine ».
« Congesteur », « digesteur » évoquent trop « congestion » et « digestion ».
« Synthétiseur » ne me paraît pas un mot assez neuf pour designer un objet spécifique, déterminé comme votre machine.
En relisant les brochures que vous m’avez données, je vois que plusieurs de vos appareils sont désignés par des noms d’agents féminins (trieuse, tabulatrice). « Ordinatrice » serait parfaitement possible et aurait même l’avantage de séparer plus encore votre machine du vocabulaire de la théologie.
Il y a possibilité aussi d’ajouter à un nom d’agent un complément: « ordinatrice d’éléments complexes » ou un élément de composition, par ex. « sélecto-systémateur ». « Sélecto-ordinateur » a l’inconvénient de deux "o" en hiatus, comme « électro-ordinatrice ».
Il me semble que je pencherais pour « ordinatrice électronique »…
IBM France retint le mot ordinateur et chercha au début à protéger ce nom comme une marque. Mais le mot fut facilement et rapidement adopté par les utilisateurs et IBM France décida au bout de quelques mois de le laisser dans le domaine public.