De bas et lourds nuages barrant l’horizon.
La mer, au teint plombé toujours plus grave.
Les vagues, contre le môle donnant de l’étrave.
Comme autant de voiles, les crocs blancs des glaçons.
Et au bourg, les volets qui claquent en désordre…
Mais s’installe un silence ouaté et caressant —
la neige ainsi se signale aux passants,
ils désertent la rue car le froid pourrait mordre.
Une lueur d’espoir s’allume toutefois —
le phare! et dans le ciel, du rouge perce.
Alors, suivi des chiens s.d.f. de l’endroit,
je m’en reviens flâner sur la côte déserte.
Un soir bien fait pour la méditation:
la vie, au cours si bref, aux fins obscures,
qui par un jour gris, froid, peuplé de ces glaçons,
roulera au néant
telle une goutte ultime de mercure;
la poésie, tremblant embrun tout en finesse,
le jusant ne va-t-il l’effacer cette nuit?
Reste l’amour – ses feux débordants n’ont de cesse
qu’ils l’emportent sur ceux d’un soir d’hiver transi…