2. La Septante et la langue grecque
Il est indéniable que la traduction des Saintes Écritures de l’hébreu en grec fut très importante pour le christianisme. La version grecque des livres écrits en hébreu ne pouvait pas être un pur décalque. On est passé d’une langue sémitique à la langue de la civilisation hellénique, qui ouvrira la voie au christianisme, c’est-à-dire d’une langue concrète à une langue capable d’abstraction, et pouvant exprimer une philosophie. Cependant l’usage de mots grecs, issus parfois de la philosophie grecque, n’entraîna pas une hellénisation de la Bible. Le sens biblique fut préservé. Les Pères de l’Église ne s’y sont pas trompés, qui utilisèrent la langue grecque pour leur exégèse patristique (à la suite de Philon d’Alexandrie) et leurs commentaires à visée théologique.
La Septante a fourni aux premiers chrétiens leur langue religieuse. Déjà l’unité de langue établit plus nettement l’unité des deux Testaments. La foi en la Résurrection des morts, essentielle pour les chrétiens, fut soulignée davantage par la Septante (et contribua à en développer le thème pour les juifs). De plus, les grandes affirmations théologiques sur le Dieu unique, sur sa Parole (Logos), sur son Esprit (Pneuma), sur le salut apporté aux nations, sur l’image (eikôn) prennent appui sur les formules de la Septante.
Au cours des quatre premiers siècles, les Pères grecs, fondateurs des doctrines et de la piété chrétiennes orthodoxes, n’ont pas connu d’autres sources bibliques que la Septante dans sa pluralité textuelle acceptée.
Ce qui nous fait signaler au passage une difficulté supplémentaire: il n’y a pas qu’une seule Septante, en ce sens qu’elle n’a pas été standardisée comme le texte hébreu massorétique. Mais, de plus, après les réviseurs juifs, il y eut des