La Belle aux clés d'or. Les contes de terre et de mer. Книга для чтения на французском языке. - страница 6

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– Comment faire pour me sauver ?

– Donne-moi de l’avoine afin que je prenne de la force, et dans trois jours je t’emporterai sur mon dos.

Il la soigna de son mieux, et au bout de trois jours elle reprit de la force et fut capable de marcher vite.

– Mets, lui dit-elle, une selle sur mon dos ; prends avec toi ta brosse, ton étrille et ton bouchon, et prépare-toi à monter sur moi, car bientôt la cloche va sonner et le diable va être prévenu de notre départ.

Quand il fut en selle, la jument lui disait :

– Éperonne, éperonne dur.

Elle marchait comme le vent, et lui répétait :

– Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?

– Non, rien, répondit-il.

– Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien derrière nous ?

– Si, j’aperçois un gros nuage, avec du feu au milieu, qui s’avance sur nous.

– Est-il loin ?

– Non, il nous atteint.

– Jette ta brosse derrière toi.

Aussitôt s’éleva une forêt si épaisse que le diable ne put la traverser et fut obligé de faire le tour. Pendant ce temps la jument marchait comme le vent et répétait :

– Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?

– Non.

– Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?

– Non, rien.

– Éperonne, éperonne dur et regarde bien.

– Ah ! je vois un nuage noir qui vient, qui vient, qui nous rattrape.

– Jette vite ton étrille.

Aussitôt s’éleva une montagne si haute qu’on n’en voyait pas le sommet. Le diable fut encore obligé d’en faire le tour, et pendant ce temps la jument blanche дallait comme le vent en répétant :

– Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien ?

– Non.

– Éperonne, éperonne dur, ne vois-tu rien venir ?

– Rien encore.

– Éperonne, éperonne dur, et regarde derrière toi.

– Ah ! je le vois qui vient, qui vient, qui nous attrape.

– Jette ton bouchon.

Il s’éleva derrière eux une montagne plus haute encore et plus escarpée que la première ; le diable fut obligé d’en faire le tour, et pendant ce temps la jument blanche allait comme le vent.

– Veille bien, dit-elle à son cavalier : nous allons arriver à un pont, et quand nous aurons passé le milieu, le diable n’aura plus de pouvoir sur nous.

Ils s’engagèrent sur le pont, et le diable saisit la jument par la queue au moment où ses quatre pieds avaient passé le milieu du pont ; mais le prince coupa avec son couteau les crins qui restèrent dans la main du diable.