Бретонская любовь. Избранные стихотворения - страница 4

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Par la force de ses traditions familiales et son attachement à la Bretagne historique, il demeure fidèle au catholicisme. Les Bretons, quand ils se sont convertis au Christianisme, ont conservé une bonne part de leur riche héritage celte de croyances et de légendes. Le poème Membra Dei laisse deviner les traces d’une narrativité propre aux bardes celtes tout en demeurant assez fidèle au contenu du douzième chapitre de la première épître aux Corinthiens de l’apôtre Paul. Dans le poème, Dieu descend de son trône dans notre misérable sphère humaine et s’y dilue de façon mystique.

Où vous croyez qu’il trône à la droite du Père,
Lui plaît moins que notre humble et misérable sphère.
Et, dans l’immensité de la misère humaine,
Son corps divin, que vous cherchez au firmament,
C’est comme dilué mystérieusement.

Dans son discours de réception à l’Académie française du 4 juin 1931, Le Goffic pose des questions essentielles qui demeurent d’une brûlante actualité.

«La science, «la nouvelle Idole», va-t-elle détrôner Dieu et, désormais, le monde sera-t-il sans mystère ou si les ténèbres spirituelles doivent nous presser de plus en plus? Et déjà Berthelot entrevoyait un stade de civilisation où manger, aimer, – penser aussi sans doute, quand nous aurons l’école unique – se traiteraient chimiquement et perdraient toute leur importance».

Le nouvel académicien achève son long discours par une dernière interrogation rhétorique avec une réponse possible en latin: «– solutio totius difficultatis Christus, «Le Christ qui résout toutes les difficultés»?

Charles Le Goffic n’a pas encore trente ans quand Anatole France, lauréat d’un prix Nobel qui n’avait encore rien perdu de son prestige, lui consacre un grand article. Il souligne fort justement le rôle qu’à joué la famille du jeune poète dans ses préférences littéraires. Son père, Jean-François Le Goffic, était imprimeur et éditeur. Dans sa petite imprimerie de Lannion, il éditait et imprimait les textes des bardes, leurs chants, leurs poèmes, leurs légendes, en continuité avec les traditions celtes et même avec celles des druides qui avaient vécu sur ces terres avant la venue des Celtes. Anatole France cite Charles Maurras qui décrit ainsi les réunions annuelles dans la maison de Le Goffic «M. Charles Maurras nous apprend que laïques et clercs, mendiants et lettrés, tous les jouglars du pays se réunissaient une fois l’an dans la maison de Jean-François à un banquet ou l’on chantait toute la nuit sur vingt tonneaux de cidre défoncés». Et il conclut: «Conçu dans ces fêtes de poésie populaire, Charles Le Goffic naquit poète».