Бретонская любовь. Избранные стихотворения - страница 3

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Quant aux pêcheurs et aux marins dont la mer est le gagne-pain, Le Goffic avoue ignorer ce qu’ils en pensent.

Pour comprendre et apprécier pleinement son œuvre, il faut prendre conscience de son vecteur principal: la vie et l’histoire de sa chère Bretagne avec tous ses paramètres. Elle accompagne toujours ses pensées où qu’il soit, à Paris, Nevers, Nancy…

Dans le chapitre intitulé La vraie Bretagne de son livre L’âme bretonne, il établit la différence entre les images d’une Bretagne touristique et ce qu’elle est réellement. Entre la beauté discrète qui tarde à se découvrir et le masque enjolivé… C’est une région qu’il faut visiter en automne, car: «Un pays doit être vu dans son atmosphère à lui, non sous sa couleur d’exception. La Bretagne est grise incurablement, comme l’automne. Tout s’y atténue, s’y imprécise comme au travers d’une prunelle en pleurs»…

Sa poésie correspond à ces considérations. Telle une éponge, elle absorbe le climat et l’atmosphère de l’Armor. Une certaine douceur de ton lui est propre, elle évite la démesure et le maniérisme des épithètes. On y relève des notes nostalgiques: le regard se perd à suivre les rivages marins qui s’éloignent à l’infini.

Dans les landiers gris, le long du rivage,
Salaün chantait sous les deux dolents:
– Avec les pluviers et les goélands,
Mon cœur est parti sur la mer sauvage…

Il a été le témoin des changements radicaux dans sa province éloignée du centre qui, peut-on dire à son corps défendant, s’est vue projetée du moyen-âge dans l’ère industrielle et la société de consommation. Les conflits liés au partage des sphères d’influence, les migrations massives de population, l’enseignement laïque obligatoire, le développement effréné des moyens de transport ont conduit à la disparition des particularités régionales et à l’uniformisation de tout et de chacun. Dans la préface de Poètes de la mer, il évoque la génération d’Apollinaire, de Biaise Cendrars, de Jean Cocteau, de Valery Larbaud avec leur vertigineux sens planétaire, quand «le terme d’Européen ou d’Américain est trop étroit; les continents, après les patries, ne suffisent plus à la définir».

On peut remarquer que depuis le dernier quart du dix-neuvième siècle a débuté un processus actif de globalisation qui ne s’est jamais arrêté jusqu’à ce jour. Conscient que la Bretagne des légendes et des mythes était en train de disparaître à jamais, Charles Le Goffic s’est fixé pour but de transcrire et de sauver ce qui pouvait l’être. Suite à ses convictions conservatrices, régionalistes et chrétiennes, il collabore avec Charles Maurras dans l’Action française et fonde en 1886 avec ses amis Maurice Barrés et Raymond de La Tailhède la revue littéraire