La capitale avait aussi son école. Les petits garçons y étudiaient les différentes sciences. Agaphon était très fier de cette école: "Nous avons une école et les sciences ici progressent. Tandis que nos voisins n'ont rien de tel, ce sont des barbares incultes". Mais l'école était interdite aux petites filles. Agaphon pensait que les femmes étaient plus bêtes que les hommes et qu'elles ne devaient pas étudier. Sa propre fillette Alionouchka ne cessait de lui demander: "Papa, laisse-moi aller à l'école, je veux apprendre à lire et écrire, je veux lire des livres!". Rien à faire, Agaphon ne cédait pas.
– Non, tu restes à la maison! Apprends à carder la laine et à coudre des roubachkas! Voilà toute l'école qu'il te faut! – répondait-il.
Une deuxième ville se dressait en bord de mer. Mais si petite qu'il était difficile de dire si c'était une ville ou un village. C'est pourquoi on l'appela Mal-Gorod, qui signifie petite ville. Il y avait un port où s'amarraient les navires marchands. Un deuxième port avait été aménagé à l'abri d'une petite crique pour les deux bateaux de guerre du tsar Agaphon. Agaphon aurait bien aimé posséder une imposante flotte, mais pour l'heure, son royaume ne pouvait se permettre que ces deux petits navires.
Un phare signalait la ville. Il permettait aux bâteaux en mer de trouver leur chemin et de contourner les récifs sous-marins. Il y avait aussi une école de navigation. On y apprenait à diriger les navires, à s'orienter en mer d'après les étoiles, à affronter les tempêtes. On apprenait aussi comment construire des navires plus rapides que le vent.
Trois bons sorciers vivaient dans le royaume de Primorskoie Tsarstvo. L'un d'eux savait guérir les animaux et les habitants. Il connaissait toutes les herbes et toutes les racines, toutes les formules magiques capables de chasser tous les maux. Il n'y avait pas une maladie qui puisse résister à ce magicien. Le second savait faire venir la pluie et le beau temps. Quand sévissait la sécheresse, il ramenait la pluie dans le ciel. Quand il pleuvait trop longtemps, il dispersait les nuages. Il savait calmer la tempête sur la mer et faire souffler le vent dans les voiles des navires.
Les sorciers aidaient les gens et sauvaient la vie à beaucoup d'entre eux. Soit en les guérissant d'une grave maladie, soit en sauvant leur navire en pleine tempête d'un naufrage certain contre les rochers.